5ème édition du rallye des 1000 Dunes

En Avril 2011, s'est déroulée, dans le sud tunisien, la 6ème édition du rallye des 1000 DUNES organisé par Pistes Paralleles.


AUTO-COLLECTION y était présent quelques jours, dans la partie la plus "désertique" et la plus sportive du rallye
Impressions dans cette "Nouvelle Tunisie"...

Le rallye

Ils devaient être 18 équipages sur le départ, mais c'était avant les premières manifestations tunisiennes... Devant les défections successives, (qui s'avèreront finalement injustifiées - voir ci-après "Nouvelle Tunisie"), 5 équipages d'irréductibles ont tenu à faire ce rallye, contre vents et marées, par soutien pour le peuple tunisien. Et bien leur en a pris.

C'est donc à Matmata que je retrouve ces 5 équipages, bien échauffés par les étapes de liaison et quelques spéciales depuis le débarquement à Tunis. Nous sommes le 11 Avril. Et dès le lendemain, les grandes étendues désertiques ponctuées d'oasis attendent ces mécaniques prêtes à affronter toutes sortes de pistes à l'image de l'African Safari des années 80.

Le principe est simple : Préparer "Raid" une 2 roues motrices (voir "Préparation", ci-après), pour des spéciales de régularité et de navigation dans des décors à couper le souffle au milieu de rien et sur des terrains aussi diversifiés que les pistes caillouteuses, pistes slalomant dans les dunettes ou dans les cordons de dunes, ou encore dans du fech-fech blanc comme neige.

Mardi 12 Avril, direction Ksar Ghilane puis Zmela avec des spéciales sur terre, via de larges pistes, où les pilotes s'en donneront à coeur joie pour laisser dériver l'auto à souhaits. Ce sera aussi le jour ou pilotes et montures feront connaissance avec le sable. L'Alfa, redoutable, ira même jusqu'à s'envoler, voulant sans doute utiliser le raccourci des airs. mais voilà, elle ne redescendra que trop tôt, dans l'hilarité générale. La pause déjeuner se fera à Ksar Ghilane, oasis n'existant que par la résurgence ancestrale d'une source d'eau douce et chaude où il est possible de se baigner. Avant de repartir, le convoi a rendez-vous à l'école de Ksar Ghilane pour sa mission humanitaire : médicaments, fournitures de santé et scolaires sont déposées dans la classe. Créée en 1999, cette école reçoit 7 élèves de 6 à 12 ans. Elle est alimentée en électricité via des panneaux solaires, qui, le soir venu, via des batteries, alimentent les maisons de l'oasis pendant quelques heures. Un modèle de développement durable qui fait son chemin dans le sud tunisien. Puis direction Zmela via les pistes de sable où chacun peaufinera sa technique de franchissement en fonction de son auto.

Mercredi 13 : Après les vérifications matinales d'usage, nous reprenons le chemin de Ksar Ghilane, via une épreuve de liaison au milieu des dunettes. L'arrivée prend alors des allures de raids d'Afrique équatoriale lors du franchissement d'un gros gué au milieu des palmiers. Trop profond pour la visa qui calera au beau milieu. Direction ensuite vers la fameuse passe El Bibene et ses grandes dunes. Contrairement à l'édition précédente (voir compte rendu ici), toutes les autos franchissent ce passage de "montagnes russes" sans plantage majeur.

Jeudi 14 : Même recette, avec épreuves de régularité (avec une arrivée "surprise", pour pallier à la tentation de la triche "chronométrée": le participant part à fond et s'arrête 100m avant la fin, attendant que le temps passe pour baisser sa moyenne), boucles libres au road-book nous amèneront au bivouac près de Tembeine, où la 504 s'essaiera au franchissement de ses dunes monumentales, majestueuses et donc réputées difficiles. Un passage parfaitement réussi, pour le fun...

Vendredi 15 : Encore réveillés au son de multiples coqs (attention, dans le désert, le coq n'est pas toujours celui qu'on croit !), c'est reparti pour une alternance d'étapes de liaison et d'épreuves de régularité dans de nouveaux paysages. Un fort vent de sable mettra toute la journée, les tringleries mécaniques à rude épreuve. Campement dans le paisible oasis de Zaafrane.

Samedi 16 : nouveau jour, nouveau jeu. L'épreuve sera aujourd'hui une épreuve de navigation, avec pour seuls indices, 3 points GPS sur le parcours d'une vingtaine de kilomètres. Et le reste doit être fait à vue au milieu de dunes tendres et blanches, ponctuées d'arbustes printaniers. Ce qui signifie prendre le temps de voir où passer... pour bien passer. Et pour pimenter le tout, les participants qui aideront d'autres participants dans la mouise auront un bonus de point. Les pilotes étant tous devenus, au fil des jours, des "spécialistes" du sable, ils vont pouvoir encore prendre un immense plaisir dans ce challenge convivial.

Des autos au destin parfois atypique

Parmi les voitures présentes, la Volvo revient de loin : condamnée inéluctablement au pourrissement suite à une inondation du Rhône, dans le sud, inondée alors jusqu'aux vitres, le coupé Volvo 242 DL de 1976 attendait en silence un éventuel sauveur. Elle fut donc donnée à Sylvain qui projetait un jour de lui redonner vie. La participation au 1000 Dunes va accélérer les choses et il va s'y mettre pour la finir... la veille du départ. Et le périple de 1800 Km le lendemain, pour aller chercher Frédéric, son co-équipier, et rejoindre Gênes, va être la période de rodage et de test. Pas de souci, son moteur d'origine, un coupleux 4 cylindres de 100CV, quoi qu'un peu essoufflé par son histoire, l'emmènera sans encombre jusqu'au bout du rallye. Une belle résurrection.

Une Alfa a quand à elle, a réussi sa reconversion circuit -> piste. Après 10 ans de courses sur asphalte, maintenant perchée sur ses grosses roues derrière son pare-buffle (ou plutôt pare-dunes qui s'avèrera bien utile), le fabuleux son du double arbre à cames en tête, bien affuté avec ses 160 CV et sa boite courte imposent le respect.

La plus efficace : la 504 TI de 1976, où l'on voit et l'on comprend pourquoi les africains l'affectionnaient particulièrement : elle passe partout, même dans des dunes monumentales qui effraieraient plus d'un 4X4 moderne . Etonnante. Outre les protections de caisse habituelles, c'est son moteur qui a fait l'objet de soins particuliers : radiateur de plus grande capacité, rabottage de culasse, grosses soupapes, nouveaux réglages d'allumage, allègement du volant moteur et parfait équilibrage des pièces mobiles font sortir 152 CV au banc avec la cylindrée d'origine

La mieux préparée : la 505. Initialement préparée pour participer à une Transafricaine Classic qui fut annulée, son propriétaire la revendra sans qu'elle n'affronte aucune piste. Pierre-Yves la rachète alors telle que pour effectuer le Pékin-Paris, puis ce 1000 Dunes, en attendant le départ prochain du rallye Londres-Le Cap à travers toute l'Afrique

L'étonnante : Visa 11 RE de 1984, strictement d'origine, juste équipée d'un pare-buffle et de plaques de protection, elle finira à passer partout malgré sa traction-avant et grâce à sa légèreté. Achetée 100 euros, Jean-Lou lui refera tout de même les freins et tout le train avant juste avant sa participation.

Préparation des voitures : ne pas oublier le poivre !

Est-il besoin de le rappeler, la préparation ne fait pas tout, et c'est avant tout le talent du pilote (et du co-pilote navigateur) qui mène l'équipage à son objectif. C'est pourquoi une auto quasiment d'origine a toutes ses chances si elle elle bien conduite (les 404 des tunisiens locaux n'ont pas une préparation spéciale, et elles passent partout).
Néanmoins, une bonne préparation évite certains déboires.

Un arceau est recommandé, même si aucune voiture ne se soit jamais retrouvée sur le toit lors d'un 1000 Dunes. Mais nul besoin d'un arceau dernier cri homologué FIA ou autre, il s'agit autant de rigidifier la caisse que d'avoir une bonne protection.
Les plaques de protection sous moteur et boite, et tube de protection sous le pont sont indispensables.
Le pare-buffle est recommandé aussi, car ici, les buffles se déguisent en dunes...
Côté pneumatiques, des plus gros de type "pistes", ou, moins onéreux, de type utilitaires sont aussi conseillés.
Les amortisseurs, mis à rude épreuve, comme l'intégralité des trains, doivent être neufs pour être tranquille.
Rehausser l'auto est fortement recommandé et facilite grandement aussi les passages délicats
Toutes les articulations de trains , barres stabilisatrices, tirants, etc, doivent être vérifiées et resserrées.
Le réservoir mis dans le coffre, plutôt que laissé sous l'auto est aussi une sage précaution.
Un petit compresseur en 12 V est aussi très utile lors des dégonflements et regonflements multiples des pneus , suivants les revêtements rencontrés.
Paradoxalement, les plaques de désensablement ne sont pas très utiles, tant il y a toujours de multiples bras pour pousser les autos plantées.
Le poivre (moulu) est aussi à mettre dans la trousse de dépannage : un des 4x4 s'est mis à avoir une petite fuite d'eau... plutôt gênant dans ces contrées... un peu de poivre dilué dans un verre d'eau, mis dans le radiateur, puis bien faire tourner le moteur. Le poivre va coloniser les points de fuite, puis gonfler avec l'eau chaude, suffisamment pour étanchéifier le circuit. Résultat : plus une fuite durant tout le rallye !
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Nouvelle Tunisie

Pour avoir connu la Tunisie de Ben Ali, rien ne semble avoir changé de prime abord. Puis on se rend compte ensuite que les portraits du potentat désavoué ont tous disparu (ce qui n'est pas rien dans le paysage tunisien), que les carrefours n'ont plus leur policier attitré, et que les tunisiens ont maintenant la parole libre et ils sont fiers de pouvoir dorénavant s'exprimer librement. Le sourire déjà légendaire des tunisiens est encore plus présent, sincère et accueillant. Même les quelques militaires croisés dans le désert ont le salut jovial. Aucun sentiment d'insécurité, chacun vaque à ses occupations habituelles.
Le 14 Janvier est dorénavant une date historique pour les tunisiens. Elle revient souvent dans les discussions. Elle deviendra probablement l'équivalent de notre 14 Juillet. Cette révolution a été menée de bout en bout par le peuple, sans leader ni meneur. Mais sitôt son but atteint, où du moins, la première étape atteinte, il s'est ressaisi pour ne pas tomber dans le flou ou l'errance politique ou religieuse. Ce peuple sait ce qu'il veut et surtout ce qu'il ne veut plus, et ils sont fiers d'avoir à créer la première vraie démocratie du XXIème siècle, même si ça prendra du temps.
Seule ombre au tableau, la débâcle économique, essentiellement due à l'absence de touristes, du moins dans le Sud. La Tunisie est encore boudée, à tort, par les tour-operators européens. La Tunisie est pourtant à redécouvrir dès maintenant, car les tunisiens, motivés par la liberté, le renouveau naissant, ne demandent qu'à recevoir avec plus grande hospitalité encore, ceux qui apprécient leur pays et leur culture.
Cliquez sur les images pour les agrandir et lire les légendes
 

 

  

  
Etape de laison vers Matmata
Arrivée à l'hotel troglodythe El Berber
La position préférée de l'Alfetta : le travers


  

  

  

  

  

  

  

  

L'Alfetta toujours en glissade
La 504 en pleine accélération
La Volvo fait connaissance avec le sable
La Visa aussi...
Déjeuner sous tente à Ksar Ghilane
Rituel repos digestif pour le staff tunisien du rallye
La source d'eau chaude de l'oasis de Ksar Ghilane
Dons effectués à l'écolde de Ksar Ghilane
Henri Fulton signe le livre d'or
Les équipage rajeunissent le temps d'un photo...
Rampes improvisées sur un chantier
Réglage de direction pour la 505
Passera ? passera pas ?
Plantée !!
L'Alfetta prend son envol...
... pour atterir contre une dunette.
Arrivée au premier campement
Le campement de Zmela
Indispensable protection du pont
Kais fait le guide.
Passage d'un gué boueux dans Ksar Ghilane
  

  

  

  

  
Ambiance "Raids d'Afrique noire"
Le moteur de la Visa n'aime pas l'eau... calage net.
Investigation mécanique sous l'oeil bienveillant d'un cavalier berbère.
"Et maintenant, on fait quoi ??"
La Visa prête à bondir du haut de ses 45 CV.
Petite erreur de navigation pour la 504
"A 3, on lève et on décalle 1 , 2 et 3 !!!"
La 504 s'en sort sans égratignure, juste un phare additionnel tordu
La passe du Bibene, un cordon de grosses dunes. Il faut chaud, très chaud.
Passage impeccable
Pause méritée pour les autos
Les marins appellent ça un "amer". Visible de très loin, il indique une croisée de pistes
Lumière magique au coucher de soleil
Arrivée au campement du Grand Erg
  

  

  

  

  

  

  

  

La cuisine du campement : à l'abri du sable.
Révision matinale, nettoyages de filtres, réglages des pressions de pneus...
Le campement du Grand Erg : ni eau courante, ni électricité, ni telephone, la nature à l'état brut.
Départ d'une spéciale
Horizon désertique au travers des vitres de l'Alfa
Départ en trombe
Walid, le mécanicien de l'assistance, donne les départs de spéciale
L'Alfa, littéralement posée au sommet d'une dunette.
Un tirant de pont s'est dévissé, voulant sans doute prendre la clé des champs
C'est reparti
Slalom au milieu d'un paysage fabuleux
Le 1000 Dunes dans toute sa splendeur : vitesse et navigation.
Point de ralliement en fin de spéciale
L'Alfa affectionne particulièrement les positions... originales !
Bivouac près du rocher de Tembeine
En attente du départ de la spéciale de navigation près de Zaafrane
Encore plantée ! en attendant l'assistance, une petite sieste est bienvenue !
Tempête de sable au sud de Douz

Eric HIERRO


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